Gare de LAVAL : Concertation en sens unique
Alors que la population, les usagers, les riverains prennent connaissance au compte goutte de l’évolution du dossier de la gare, La FNAUT Pays de la Loire, par son antenne mayennaise constate que cet important dossier n’a fait l’objet d’aucune réelle concertation.
Dans ce dossier le mot « concertation » a été très abusivement utilisée. La réaction du président du Conseil Général il y a quelques semaines et le vote de défiance des élus de la CAL sont très révélateurs du degré de communication sur ce dossier. La région qui est l’autre partenaire financier pour le projet de gare multimodale n’a semble t’il pas été mieux traitée.
Et que dire des associations (l’Amicale du quartier de la gare, les usagers, les personnes à mobilité réduite [APF…]…) qui ont obtenu des « bribes » d’informations sans jamais avoir été considéré comme des intervenants à part entière. Les associations ont souhaité, à plusieurs reprises, faire entendre des suggestions et propositions aux responsables municipaux à diverses occasions (Commission Extra Municipale, Conseil de développement …) sans effet.
D’ailleurs le projet était semble t’il « bouclé » sans aucune possibilité de modifier « une virgule » au dossier. C’est d’autant plus regretable, que la gare du Mans a fait l’objet au mois de juin d’une enquête publique de type « Bouchardeau » pour son futur Pôle d’Echange Multimodale avec entre autre :
+ Création d’une gare routière, mise en place d’un parking public souterrain de 100 places, requalification urbaine de la place, création d’un parvis piétonnier, d’un parking de courte durée et dépose minute…
Un projet comparable donc à celui de Laval mais sur lequel l’avis du public et des usagers a été sollicité. Quelle est la justification de cette approche différente pour le dossier mayennais ?
S’il y a eu concertation préalable, elle s’est déroulée uniquement sur la création de la Zone d’Aménagement Concerté (Z.A.C) de la Gare et sur la modification du POS. La concertation qui se situe très en amont du processus décisionnel, s’applique à des opérations d’envergure moyenne et constitue un véritable échange de points de vue entre plusieurs intervenants en vue de parvenir à une décision la plus consensuelle possible. La FNAUT fait remarquer qu’il n’y a pas eu d’exposition et aucune réunion avec des associations agréée n’a eu lieu ce qu’exige pourtant la jurisprudence qui demande un minimum. Pourtant la municipalité avait évoqué une large concertation. Mais celle-ci s’est réduite à une enquête publique et des permanences d’un commissaire enquêteur sur un dossier faiblement élaboré (en cohérence avec le processus de concertation) et très peu détaillé (dec 2001 / janv 2002). La FNAUT rappelle qu’une réunion publique faisant la promotion du projet dans le seul but de faire partager le point de vue de son promoteur n’est absolument pas assimilée au débat public.
Le "trou" de la gare de Laval, début 2006
Si le dossier n’était pas techniquement élaboré à cette date, il n’en demeure pas moins que le cabinet d’Etude MTI avait remis un rapport d’étape sur l’aménagement du secteur de la gare et sur le Pôle d’échange !
Concernant le projet qui s’est construit autour du parking souterrain, la FNAUT tient à faire plusieurs observations dont :
+ La viabilité d’un parking de 435 places (alors que le parking actuel de 119 places n’était jamais plein avant les travaux et depuis qu’il était devenu payant), situé côté sud alors qu’il a toujours été démontré que Laval renforcerait sa place comme gare d’importance si l’accessibilité nord de la gare était améliorée. « Laval ne gardera sa gare que si l’accès nord est amélioré » disait l’ancien Conseiller Régional le Docteur Scheer qui s’appuyait sur une étude d’accessibilité à la gare. Hors ce parking situé au sud ne contribuera pas à désengorger le secteur, ni à améliorer l’accessibilité puisque le stationnement va progresser.
+ La capacité des voiries à absorber ce flux supplémentaire de véhicules sans provoquer une augmentation des nuisances pour les riverains (rue Auguste Beneux …).
+ Un parvis de la gare qui sera moins piétonnier paradoxalement avec un nouvel axe routier et des murs de soutènement en travers de la place.
+ Le coût de ce parking pour la collectivité car un parking souterrain de 400 places équivaut à 15 ans de politique cyclable pour une ville. Une place coûte 15 000 Euros. D’autant que ce parking en caisson est construit dans la roche naturelle sous le parvis alors qu’il était possible à moindre coût dans le remblais du XIXème siècle (celui qui borde la rue des trois régiments).
+ Ce parking aura une incidence sur l’usage du TUL. En 1996 une étude sur les voyageurs TGV précisait que la moitié des 55% des usagers résidant à Laval se rendait à pied ou en bus urbain à la gare. L’association doit–elle rappeler que les habitants du quartier de la gare et de la Pillerie ont du batailler pour préserver l’ancienne ligne de bus N°4 ? Que se passera-t-il quand la fréquentation baissera ? Quelles sont les garanties de maintien de la desserte du quartier en transport collectif ?
+ L’évacuation des déblais de chantiers et de la terre des terrassements se fera-t-il par le rail comme le souhaite l’association car la FNAUT redoute les conséquences sur la sécurité quant les arrêts des autobus et autocars seront confrontés au trafic incessant des poids lourds rue du Maréchal Leclerc ? La proposition de la FNAUT a été faite au cours de la dernière commission extra-municipale sera t’elle prise en compte pour soulager les riverains et réduire les nuisances ?
+ les modalités du stationnement doivent être cohérentes sur l’ensemble du quartier de part et d’autre de la gare. Il faut améliorer l’accès Nord de la gare en créant une zone d’accueil avec vente de billets, kiosque à journaux etc, au contact de la passerelle, comme toutes les gares qui ont des doubles accès (Le Mans, Rennes, Nantes …).
+ Quels sont les aménagements de la gare routière ? Sera-t-il préservé une des voies « sernam » au contact des futurs quais routiers afin d’assurer des correspondances TER / Car de quai à quai (le pendant du quai se trouvant côté Rennes) comme le préconise la FNAUT afin d’améliorer les échanges entre trains et autocars.
+ Enfin lorsque l’on souhaite favoriser l’intermodalité, n’aurait-il plus judicieux d’inverser les priorités et d’engager plus rapidement les travaux de la gare routière car la FNAUT craint que la précarité des transports collectifs ne durent encore… longtemps.
A L’instar du président du Conseil Général, la FNAUT souhaite que soit organisée une Table Ronde pour que les différents acteurs de ce dossier soient entendus. Alors que la région va mettre en place à la rentrée de septembre un comité de ligne sur la section de ligne Rennes / Le Mans pour entendre les doléances des usagers et établir le dialogue entre les différents acteurs, il est pour le moins curieux que la restructuration de la gare de Laval ne fasse pas l’objet d’une réelle concertation.