Notre Dame des Landes : séisme aéroportuaire
Séisme aéroportuaire :Jean Marc Ayrault dit NON à l’aéroport de Notre Dame des Landes !
Alors que le résultat de l’appel d’offres pour la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes doit être annoncé dans quelques jours, Jean Marc Ayrault a envoyé un communiqué à l’ensemble de la presse pour informer les Français de son revirement à propos de ce projet.
Nous en reproduisons les principaux passages : “… informé du probable et important dépassement des coûts de construction de la plate forme aéroportuaire de Notre Dame des Landes, j’ai décidé de retirer mon soutien à ce projet. Les offres des entreprises sont très proches de l’estimation qui en avait été faite - 581 millions d’euros – Ces offres précisent qu’elles concernent une implantation sur des terrains ne nécessitant aucune adaptation particulière.
Elles laissent entendre qu’en raison de travaux supplémentaires liés à la structure géologique et hydrologique très défavorable à ce type d’implantation à Notre Dame des Landes, ce coût pourrait être au minimum doublé et pourrait atteindre 1 milliard 500 millions d’euros (…) La décision des collectivités locales de pallier aux insuffisances de financement du projet et le probable désengagement de l’état dont la participation sera très réduite, pourraient entraîner des augmentations des impôts locaux de l’ordre de 50%.
Une telle augmentation serait bien sûr insupportable pour les ménages, notamment pour les plus fragiles et catastrophique pour les entreprises qu’elle entraînerait dans le cycle infernal - récession – faillite - suppressions d’emplois - Dans ces conditions à titre personnel, je ne soutiendrai plus ce projet…”
Cette annonce a suscité des réactions contrastées dans la classe politique et l’espoir de voir le projet définitivement abandonné chez ses adversaires.
Un état des lieux connu depuis longtemps
La nature des terrains sur lesquels doit être implanté l’aéroport est connu depuis longtemps.
On peut la ‘’résumer’’ à une épaisse couche d’argile reposant sur un socle granitique. C’est un support mouvant qui demande des adaptations de mise en oeuvre et l’utilisation de matériaux spécifiques particulièrement coûteux. On sait aussi que le plateau de Notre Dame des Landes est le ‘’château d’eau’’ qui, par l’intermédiaire de nombreux ruisseaux alimente plusieurs cours d’eau : l’Isac dont le canal de Nantes à Brest emprunte le lit, ainsi que le Gesvres et le Hocmard qui vont se jeterdans l’Erdre.
L’imperméabilisation du plateau par la construction des pistes, des bâtiments et des voies d’accès provoquerait automatiquement une augmentation des débits et une accélération des flux en aval avec des risques d’aggravation des inondations là où elles se produisent déjà (Périphérique nord de Nantes, vallée de l’Isac, confluent avec la Vilaine à Redon) et la création de nouvelles zones inondables (rives de l’Erdre à Nantes) La géologie et l’hydrographie particulière du secteur conduiraient à des pollutions constantes plus ou moins importantes quelles que soient les performances des systèmes d’assainissement installés.
Dans l’hypothèse extrême de précipitations abondantes conjuguées avec une panne des installations aéroportuaires d’assainissement, des milliers d’hectares de terres agricoles pourraient être polluées pour plusieurs années aux abords de la plate forme.
Cette nature des lieux et les accidents mineurs ou majeurs qui pourraient en être les conséquences sont parfaitement connus depuis très longtemps, jusque dans les rangs des plus chauds partisans du projet : Notre Dame des Landes est sans doute le pire endroit pour construire un aéroport.
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Un projet structurant pour le grand Ouest ?
Pascal Bolo grand argentier de la ville de Nantes “très proche collaborateur” de Jean Marc Ayrault a fait une proposition étrange pour remplacer le projet d’aéroport défini depuis des années comme un projet structurant pour le Grand Ouest . Reprenant un des slogans des opposants à l’aéroport “des tritons pas des avions” l’élu nantais, soudain conscient que l’abandon du projet allait sauver le triton crêté, batracien rare et menacé d’une disparition quasi certaine sur le plateau de Notre Dame des Landes, propose d’en faire un symbole de tous les canulars de la planète.
Ce symbole “le triton d’Avril” fabriqué dans les usines de notre région pourra être exporté dans le monde entier à partir de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Etonnant non ? comme concluait le regretté Pierre Desproges à la fin de chacune de ses émissions de télé “Monsieur Cyclopède”
Vrai ? Faux ? aucune importance ! Dans une société où quelques-uns usent de leur pouvoir, de leurs diplômes, de leur fortune, de leur culture ou de leur position sociale pour imposer à la masse des autres leurs désirs ou leurs fantasmes au lieu d’accepter un débat contradictoire honnête et ouvert, c’est le 1er avril tous les jours…
La Vigie, Le 1er avril 2010