Réponse "du Berger à la Bergère" : l'ACIPA vs les responsables socialistes de l'Ouest
Projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : Réponse à l'article du Monde du 15 février 2011
Suite à la publication dans le journal Le Monde d'une tribune intitulé "Déménager l'aéroport de Nantes : un choix raisonné et responsable" de cinq responsables socialistes de l'Ouest présidents de région, de conseil général ou de communauté urbaine à propos du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes en Loire Atlantique, les opposants ont désiré exercer un droit de réponse pour le motif suivant :
Alors que jusqu'à maintenant le différent qui existait à propos de ce projet s'était cantonné à un débat courtois d'arguments pour ou contre, les cinq auteurs de cette tribune se sont crus autorisés à introduire dans le débat, la mauvaise foi, la déformation des propos, idées et propositions que les opposants défendent. Certaines remarques sont même proches de l'insulte. La coordination des 34 associations ou partis politiques demande au journal le Monde de bien vouloir publier la réponse ci-dessous.
Les opposants qui sont-ils ?
Une coordination de 34 association ou partis politiques comprenant environ 12 000 adhérents et représentant un éventail très large d'opinions et d'objets : Du Modem au NPA en passant par les Alternatifs le Parti de Gauche ou Europe Ecologie et des associations à vocation sociale, économique, environnementale ou syndicale.
La FNAUT Pays de la Loire (voir) fait partie de cette coordination ainsi que l'ANDE.
Réponse à la tribune publiée dans le Monde du 15/02/2011
de Messieurs Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire,
Jean-Marc Ayrault député-maire de Nantes, président de Nantes-Métropole,
Daniel Delaveau maire de Rennes, président de Rennes-Métropole,
Jean-Yves Le Drian président de la région Bretagne,
Patrick Mareschal président du conseil général de Loire-Atlantique.
C’est avec consternation que la coordination des associations opposées au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes a pris connaissance du communiqué de presse en faveur de cet équipement, publié dans Le Monde du 15/02/2011 et signé par cinq élus socialistes de l’Ouest, président de région, de conseil général ou de communauté urbaine. Le plus insupportable dans ce texte est sans doute le mépris qui transpire de ces lignes pour ceux dont on nie jusqu’au droit d’avoir une opinion différente de la doxa dans laquelle se sont englués ces élus.
Ils accusent ceux qui ne partagent pas leur enthousiasme démesuré d’être des «partisans de l’immobilisme» de « promouvoir un modèle social basé sur le refus de toute forme de forme de progrès et le repli sur soi» et les confinent dans «une logique de régression qui pénaliserait les régions ou nous vivons, leurs habitants, leurs entreprises, leur avenir et celui de notre pays». Ces élus ont-ils conscience qu’ils se placent eux-mêmes dans un schéma de développement complètement dépassé du toujours plus et du jetable comme si les ressources de notre planète étaient inépuisables et alors que tous les exégètes lucides nous encouragent à les économiser et à exploiter au mieux ce qui existe en l’améliorant si nécessaire.
Exploiter au mieux ce qui existe, c’est justement le choix que nous proposons
+ Réalisations de quelques aménagements et adaptations pour l’aéroport existant de Nantes Atlantique afin d’éviter le survol de zones urbanisées ou adoption de nouvelles procédures d’atterrissage pour plus de sécurité.
Cet équipement est déjà relié au réseau ferré, au périphérique nantais et à moins d’un kilomètre du terminus d’une ligne de tramway qui pourrait aisément être prolongée pour compléter l’offre de liaisons avec le centre de Nantes et les voies de toute nature régionales ou nationales qui y aboutissent.
A Notre Dame des Landes, située à 25 km au nord de Nantes, toutes les infrastructures de liaison sont à réaliser avec des coûts pharaoniques par rapport à celui des aménagements à réaliser pour améliorer l’aéroport existant que la Direction Générale de l’Aviation Civile classe dans son état actuel parmi les aéroport sûrs, sans risque particulier.
Le site de Nantes Atlantiques
+ Extension in situ de l’aérogare existante pour augmenter sa capacité d’accueil, ce qui ne sera sans doute pas nécessaire avant une vingtaine d’années si on tient compte du taux d’augmentation actuel de passagers et si on adopte notre proposition de mise en réseau des aéroports de l’Ouest pour répartir le trafic, avec les liaisons ferroviaires inter-cités existantes ou à créer.
+ Promotion de l’offre, dans le cadre national et européen, d’une palette de transports adaptés aux longueurs des trajets prenant en compte leurs coûts, leur efficacité vitesse-durée et leur bilan économique, social et environnemental
Avec le projet de Notre Dame des Landes on nous fait miroiter l’espoir d’un essor économique et la création d’emplois alors qu’il ne s’agira sans doute que de transferts d’emplois existants.
Ce qui est sûr actuellement c’est qu’en détruisant une cinquantaine d’exploitations agricoles sur le site de Notre Dame Landes, on va aussi détruire plus de 600 emplois qui leur sont liés.
La France perd l'équivalent d'un département de terres agricoles - terres nourricières - tous les 10 ans.
Est-il opportun d’en détruire plus de 2000 hectares pour l’implantation de ce projet coûteux et parfaitement inutile qui va aussi dévaster l’environnement et la bio-diversité de cette zone bocagère ?
Une des nombreuses manifestations contre Notre Dame des Landes
Il ne suffit pas d’utiliser le mot vert ou d’ajouter les labels «développement durable» ou «haute qualité environnementale» pour qualifier d’écologiste n’importe quel projet même les plus propices au développement de nuisances de tous ordres.
Est-il acceptable de se transformer en donneurs de leçon méprisants pour apostropher les opposants en les accusant de «porter un jugement sommaire […] sans prendre la mesure des enjeux» alors qu’en plus de 10 ans de lutte contre ce projet, s’est développé chez beaucoup d’entre eux une expertise dans tous les domaines liés au projet : environnement, aménagement du territoire, énergie, navigation aérienne, économie, emploi, législation, agriculture, urbanisme, géophysique.
Peu d’élus peuvent revendiquer une telle connaissance du dossier et de ses aspects annexes. Ils ont pourtant émis des votes favorables en sa faveur bien que certains d’entre eux en ignorent presque tout comme nous avons pu le constater en les rencontrant.
La coordination des associations et mouvements politiques opposés au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes n’a pas vocation à soutenir tel ou tel candidat aux élections qui doivent avoir lieu en 2011 et 2012, mais elle sera dans son rôle en interpellant les candidats qui s’aligneront sur le discours méprisant, autoritaire et aventureux de ces cinq responsables socialistes
Pierre Giroire
Secrétariat de la coordination par l’ACIPA
Association Citoyenne Intercommunale des Populations
concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes
B.P. 5 – 44130 NOTRE DAME DES LANDES Tél : 06 71 00 73 69 Site web : acipa.free.fr