Réponses de François Hollande à la FNAUT et propositions du candidat sur les transports
Analyse des positions des candidats déclarés :
François Hollande (PS):
Son programme relatif aux transports est d’une pauvreté déconcertante, alors que le transport est d’une importance aussi cruciale que le logement qui, lui, fait l’objet de nombreuses propositions.
Seul l’engagement n°28 (sur 60) concerne le transport : « je relancerai la politique des transports pour lutter contre la fracture territoriale qui exclut une partie des habitants de l’accès aux emplois et aux services publics. Ma priorité sera d’apporter, tant en Ile-de-France que dans les autres régions, une réponse à la qualité de service des trains du quotidien ainsi qu’à la desserte des territoires enclavés ».
La loi Bertrand du 21 août 2007 sur le service prévisible en cas de grève sera maintenue.
L’engagement n°54 relatif à une nouvelle étape de décentralisation va lui aussi dans le bon sens : abrogation de la création du conseiller territorial, clarification des compétences des collectivités, garantie du niveau des dotations de l’Etat à leur niveau actuel, péréquation de leurs ressources, renforcement des régions.
Les intentions de François Hollande ont été précisés par son conseiller transport Roland Ries :
+ un 3ème appel à projets de TCSP urbains avec une subvention de l’Etat de 500 millions d’euros;
+ la création, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, d’autorités organisatrices de la mobilité durable gérant les transports publics, l'autopartage, le covoiturage, les vélos en libre service, le stationnement et la voirie (un souhait du GART et de la FNAUT) ; un renforcement de la loi SRU pour favoriser la densification urbaine ;
+ une extension de la tarification des transports urbains selon le quotient familial (mais cette mesure dépend des autorités organisatrices), le candidat étant hostile à la gratuité généralisée, comme la FNAUT ;
+ une confirmation des 4 « coups partis » de LGV et une « évaluation de l’utilité sociale » des autres projets ;
+ une ouverture très prudente du TER à la concurrence, à titre expérimental, à l’initiative des régions ;
+ un refus de l’ouverture des services Intercités à la concurrence (mais rien n'est dit sur l’évolution de l’offre et les modalités de financement de ces trains) ;
+ la création d’une ressource spécifique des régions pour le TER, sous forme d’une extension du versement transport en dehors des périmètres de transport urbain ;
+ une modernisation du fret ferroviaire ; la mise en place et le renforcement de la taxe kilométrique poids lourds (Eurovignette 3 intégrant certains coûts externes) pour financer les transports publics ;
+ une gouvernance du rail sous forme d’une holding à l’allemande, comme le souhaitent les présidents de régions PS et les syndicats de cheminots (mais quid de la dynamique commerciale de la SNCF ?).
Mais rien n’est dit sur l’insécurité routière.
Rien n’est prévu pour les agglomérations de moins de 100 000 habitants, dans lesquelles le trafic automobile se développe encore;
on ne comprend pas pourquoi l’ouverture à la concurrence est envisagée pour les trains TER et non pour les Intercités, puisqu’il s’agit de service public dans les deux cas ;
une réunification de la SNCF et de RFF, dont les risques ne sont pas évoqués, est envisagée avant même la définition d’un projet ferroviaire (offre de services, consistance du réseau, financement, conditions de concurrence avec la voiture et l’avion).
Par ailleurs le candidat est favorable à la LGV Poitiers-Limoges, le projet le plus mal conçu de tous, et refuse tout abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ainsi que des projets autoroutiers inscrits au SNIT (en particulier l’A45, mais il est hostile au grand contournement de Strasbourg, comme Roland Ries).
Sa prise de position en faveur de la TIPP flottante, mesure inefficace, ruineuse pour l’Etat, antiécologique et antisociale, est affligeante et irresponsable (voir) et jette elle aussi un doute sérieux sur sa volonté de réformer en profondeur la politique des transports puisqu’elle écarte toute fiscalité écologique portant sur la voiture, à l’exception d’une taxe autoroutière (la taxation du kérosène consommée par les avions en trafic intérieur est elle aussi ignorée).
Sa promesse d’ouvrir une «conférence environnementale» suggère qu’il n’a pas de projet très précis en ce domaine.