Place Graslin à Nantes : les autobus non désirés...
octobre 2014
Autobus place Graslin : une polémique d’un autre siècle
Premier constat : no bus, no business
Sans système transport public performant le centre-ville de Nantes perdrait une grande partie de ses chalands qui ont compris que les tramways, le busway et les chronobus permettent un accès rapide du centre-ville en les déchargeant notamment du temps de recherche de parking.
Deuxième constat : touche pas à grand-mère
Si l’ANDE demande l’accentuation du renforcement du réseau structurant (optimisation de l’étoile ferroviaire, liaison entre les lignes de tram, chronobus de ceinture) elle reste attentive aux lignes de « cabotage » qui comme la 11 Tertre-Perray via Graslin assure une fonction fine de quartiers denses et enclavés au profit d’usagers parfois fragiles et/ou âgés. Critiquer ces dessertes c’est mettre en cause la fonction sociale du transport public, la nécessité d’apprendre à vivre ensemble, la mixité sociale et générationnelle au profit de seuls intérêts mercantiles.
Troisième constat : une mémoire urbaine en défaut
Si des conflits d’usage peuvent se développer place Graslin force est de constater que son aménagement livré en septembre 2013 a incontestablement favorisé la fonction commerciale (extension des terrasses, mise en scène urbaine attirant les visiteurs).Les pétitionnaires oublient certainement l’état précédent qui en faisait une zone assez répulsive : stationnement débridé, embouteillages, fuite des piétons vers les rues calmes voisines.
Quatrième constat : toujours mesurer les pollutions liées à la mobilité par unité transporté et se méfier des généralités
Nous ne nions pas que les 120 bus qui passent place Graslin (les jours « roses » les plus chargés) émettent leur charge de gaz à effet de serre mais que dire des centaines d’automobilistes souvent seuls qui continuent de passer sur la voie routière toute proche préservée sous la pression du lobby routier. Le nuage noirci qui règne par temps anti cyclonique (celui où les terrasses de café sont pleines) au-dessus de Nantes n’est du qu’en infime partie aux moteurs de la Semitan qui a su renouveler sa flotte de moins en moins diésélisée.
Quant aux conducteurs dénoncés pour leur incivisme dans « Presse Océan » du 21 octobre les usagers des autobus connaissent la patience et le flegme face aux pratiques des autres usagers de la voierie d’une très grande majorité d’entre eux (ce qui n’excuse pas ceux qui trop pressés les bousculent sans pitié souvent parce que les embouteillages les retardent où la voierie moins sophistiquée que dans la place en cause !).
La place Graslin : permanence des transports collectifs... pour longtemps nous l'espérons.
http://www.odile-halbert.com/Paroisse/Loireat/Nantes-Place.htm et Press Océan (référence photo)
Cinquième constat : du pire (haro sur le transport public) peut surgir le meilleur (renforçons leur rôle et celui de la bicyclette)
Cette polémique artificiellement développée à propos d’un aménagement certes coûteux et pouvant être amélioré montre que la construction de la ville où chaque mode de transport doit avoir sa juste place n’est pas un long fleuve tranquille. Elle a le mérite de renvoyer les décideurs à réfléchir sur les conséquences d’une trop grande marchandisation de la cité au détriment d’autres fonctions potentiellement porteuses, d’une trop grande minéralisation des rues et des places certes faciles à entretenir mais aussi très vite encombrées.
L’ANDE profite aussi de ce mauvais procès pour souhaiter aussi que le débat sur le recours à l’électrification et à l’hybridation pour les autobus avance à Nantes comme ailleurs au nom avant tout de la santé publique et de la souveraineté économique (même si nous pensons que dans chaque fil de tramway il y a encore trop d’électricité nucléaire).Et ricane un peu de ceux qui très en avance ont peur des véhicules électriques décrétés silencieux alors qu’ils tolèrent le bruit des autos et des deux-roues motorisées dont on m’a dit aussi qu’elles empruntaient le passage réservé en cause !
Last but not least nous aurions tant aimé que ces commerçants soit disant en colère soutiennent plutôt la revendication de nos amis de « Place au Vélo » qui ont remarqué que pour des raisons soit disant esthétiques les appuis-vélos ont été bannis de la place Graslin, mesure ahurissante qui témoigne d’un jugement très relatif sur le beau (une table et quatre chaises ?) et le laid , sur ce que l’on veut valoriser (un candélabre) ou écarter. Et nous vous ferons la grâce des coûts.
J B LUGADET (Association nantaise déplacements environnement)