Petit dictionnaire des idées fausses sur les déplacements présenté par La FNAUT (6 et fin)
A l 'occasion de la semaine de la mobilité la FNAUT présente un tour d'horizon les idées fausses sur les déplacements (6 et fin).
"Une idée simple et fausse aura toujours plus de poids qu’une idée vraie et complexe" (Montesquieu)
De nombreuses idées fausses concernant les déplacements de la vie quotidienne dans les zones urbaines ou périurbaines sont acceptées sans esprit critique par les décideurs politiques. Nous en présentons ici une sélection.
6 - Le péage urbain n’est adapté qu’aux grandes métropoles.
FAUX - Le péage est tout aussi légitime et efficace dans les villes moyennes dont la voirie est congestionnée et le cadre de vie dégradé par l’omniprésence de la voiture, et où les élus peinent à financer les transports collectifs. Il fonctionne très bien dans les villes norvégiennes, qui sont de taille très inférieure à celle de Lyon.
Le péage peut être adapté aux spécificités locales : géographie de l’agglomération, densité des emplois dans la ville-centre.
On peut ainsi ajuster la zone soumise à péage, le tarif et son éventuelle modulation horaire, les réductions et les exemptions (habitants de la zone, véhicules de sécurité, taxis, artisans, livreurs), le montant des amendes.
Le péage urbain est antisocial, c’est de la sélection par l’argent
FAUX - La réduction de la circulation et l’affectation au transport collectif du produit du péage acquitté par les automobilistes aisés bénéficient aux ménages les plus modestes, qui ne sont pas motorisés, qui souffrent le plus de la pénurie de transport collectif et dont le cadre de vie est le plus affecté par les nuisances de la circulation.
Les automobilistes peu fortunés peuvent utiliser le transport collectif pour accéder aux centres-villes ou, s’ils ne sont pas desservis à proximité de leur domicile, se rabattre en voiture sur un parking relais, suivant une pratique qui se développe.
ll faut éviter de créer des générateurs de trafic automobile qui favorisent l’habitat périphérique diffus (super périphérique nantais).
7 - On ne peut rien faire contre l’étalement urbain diffus
FAUX - Ce phénomène, générateur de trafic automobile, de nuisances et de gaspillages de temps, d'espace et d'énergie, n’a rien d’inéluctable. Il est le fruit de la cherté de l’habitat central, de la multiplication des infrastructures routières et du bas prix des carburants (en termes de pouvoir d’achat, un parcours automobile est trois fois moins cher aujourd’hui qu’en 1970 selon une expertise de l’économiste Jean-Marie Beauvais réalisée pour la FNAUT, voir FNAUT Infos n°156, 158 et 173).
Pour l’enrayer, on peut à la fois décourager l’habitat périphérique diffus et rendre l’habitat central plus attrayant, c’est-à-dire :
+ arrêter de construire des autoroutes urbaines et des parkings centraux ;
+ augmenter le coût des déplacements automobiles (taxe carbone, péage urbain) ;
+ augmenter la durée des trajets automobiles entre périphérie et centre-ville en limitant la vitesse sur les accès autoroutiers aux centres-villes (chrono-aménagement) ;
+ exploiter toutes les branches des étoiles ferroviaires urbaines et densifier l’habitat et les activités autour des gares périurbaines ;
+ densifier les villes en urbanisant les friches industrielles et militaires, en construisant dans le voisinage des gares centrales et des stations de TCSP, et en renforçant le logement social dans les centres.
Fin
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