Le plan Fret d’Avenir : bien mais doit faire ses preuves selon la FNAUT
La FNAUT approuve le plan Fret d’Avenir adopté par l’Etat mais s’interroge sur son efficacité et réclame un moratoire sur l’abandon du trafic de wagon isolé.
Le plan Fret d’Avenir constitue une initiative cohérente et prometteuse, dont le financement à hauteur de 7 milliards d’euros dans le cadre du « grand emprunt national » reste cependant à concrétiser.
Les investissements structurels prévus (autoroutes ferroviaires, transport combiné portuaire et terrestre, fret à grande vitesse, voies de contournement des agglomérations, électrifications, soutien à la mise en place des opérateurs ferroviaires de proximité), souvent réclamés par la FNAUT, devraient contribuer à enrayer le déclin du fret ferroviaire, faciliter son développement et permettre au rail de concurrencer la route et l’avion. Le trafic voyageurs bénéficiera de certains des investissements prévus.
Le Fret SNCF est-il sur la bonne voie ? (Laval)
La FNAUT s’interroge cependant sur l’efficacité du plan. Elle rappelle les objectifs ambitieux de la loi Grenelle 1 : augmenter de 25 % la part modale du fret non routier d’ici 2012.
Trains complets en gare de Laval
1. Les transferts de trafic dépendent fortement des conditions de concurrence entre modes. Or l’Etat et les collectivités territoriales continuent à encourager le trafic routier de fret à travers le lancement de nouvelles autoroutes et voies rapides. D’autre part de nombreuses dispositions retenues dans la loi Grenelle 1 vont affaiblir la portée de l’éco-redevance poids lourds (Eurovignette) prévue pour 2011.
Faute de dispositifs économiques plus efficaces de régulation du marché du fret prenant en compte les coûts et avantages écologiques de chaque mode de transport, les investissements prévus dans le plan Fret d’Avenir ne seront pas, par eux-mêmes, suffisants pour provoquer un report modal à la hauteur des ambitions de l’Etat.
Tronçon à 2 x 2 gratuite de la N° 162 entre Laval / Mayenne : un exemple des investissements routiers favorisant les developpement du fret routier
2. La création d’opérateurs ferroviaires de proximité (OFP), suggérée de longue date par la FNAUT, permettra de dissocier le transport massifié sur longue distance et les opérations de groupage/dégroupage. Un abandon du wagon isolé aujourd’hui, avant toute expérimentation effective des OFP, reviendrait à s’attaquer aux conséquences et non aux causes, il aurait un caractère irréversible et se traduirait par 2 millions de parcours de camions supplémentaires par an sur nos routes. Avant de les rejeter sur la route, le rail doit au moins essayer de capter et développer les trafics diffus – principale source de trafic pour les trains complets - pour les concentrer ensuite, comme la route sait le faire. La FNAUT demande donc un moratoire sur l’abandon des trafics de wagon isolé par la SNCF : ces trafics doivent être transférés aux OFP au fur et à mesure de la mise en place de ces derniers afin d’éviter leur passage sur la route.
3. Une révision des péages prélevés par RFF est nécessaire : allégement pour les wagons isolés et le combiné, en contrepartie d’une augmentation pour les trains entiers. Le seul relèvement, prévu par RFF, du prix des péages au coût marginal, puis à un niveau couvrant une partie du coût complet, risque de dérentabiliser le trafic maintenu de wagon isolé et celui des trains massifs. C’est l’avenir de tout le fret ferroviaire qui serait alors remis en cause.
Concurrence Rail / Route ? Un camion citerne passe sous un pont rail de la voie ferrée Sablé / Château Gontier / Châteaubriant à St Fort (53)
4. La FNAUT souhaite enfin l’émergence d’un transporteur ferroviaire européen par la création d'une société à laquelle la DB et la SNCF apporteraient leurs moyens sans conserver de responsabilité de gestion. Le rail doit en effet s’adapter à l’espace économique européen.
Communiqué de Presse de la FNAUT Nationale
Septembre 2009