Le Chronobus est un succès incontestable, mais il faut aller plus loin !
Le Chronobus est un succès incontestable, mais il faut aller plus loin !
Trois mois après leur mise en service, le bilan des lignes Chronobus est indubitablement positif. La fréquentation est en hausse sur toutes les lignes. Mais il convient de regarder de plus près.
D’abord, on peut aisément supposer que ces hausses de fréquentation sont le résultat de la hausse de l’offre sur ces lignes. En effet, il s’agit souvent du principal apport des 4 Chronobus par rapport aux dessertes qui existaient précédemment. Les nouveaux aménagement n’ont certes par dégradé la qualité du service, au contraire, mais leur apport est souvent marginal, et n’empêche pas certaines lignes de connaître des problèmes d’irrégularité.
Faisons dès lors une petite analyse ligne par ligne
Le C1 a vu sa fréquentation augmenter de 25%. Cette excellente performance s’explique par les excellentes performances de cette ligne. La régularité de cette ligne est plutôt bonne, et la hausse de fréquentation est particulièrement marquée dans le quartier de la Butte Sainte-Anne, là où la hausse de l’offre est la plus forte au demeurant.
Le C2 a vu sa fréquentation augmenter de 16%. La hausse de l’offre produit son effet, et aussi le nouveau terminus au Cardo, plus avenant que celui au Bout des Landes. Mais l’irrégularité reste chronique, en particulier à cause de la circulation rue Paul Bellamy. Qui plus est, l’arrivée de bus articulés, rendus indispensables par la hausse de la fréquentation, a ralenti certaines courses, car ils ont plus de mal à s’insérer dans les rond-points, en l’absence d’une véritable priorité.
Le C3 a vu sa fréquentation augmenter de 18%. De tous les Chronobus, c’est celui qui bénéficie du plus de nouvelles voies réservées. Mais cette hausse est cependant trop proche de celle des C1 et C2 pour en tirer une véritable conclusion.
Le C4, lui est un vrai succès, puisque sa fréquentation a augmenté de 25%. Mais elle dessert aussi un secteur où on part d’assez loin en terme d’usage des transports en commun.
Cela est un bon présage pour l’arrivée de trois lignes Chronobus supplémentaires à partir de la rentrée prochaine. Cependant, certaines choses méritent encore d’être améliorées.
On peut en particulier regretter que la montée obligatoire par l’avant continue à être en vigueur sur les lignes Chronobus. Un mode d’exploitation aussi archaïque sur un concept qui se veut aussi innovant, c’est un peu comme si on utilisait encore la navigation aux astres sur un Airbus A380 ou la radio au Morse sur le CMA-CGM Marco Polo.
Si elle présente l’avantage de faire baisser la fraude, elle comporte de nombreux inconvénients, particulièrement marqués sur des lignes où la fréquentation est élevée :
+ elle allonge le temps d’arrêt en station, et fait donc perdre du temps et de l’argent,
+ elle complique la circulation dans le bus, puisque des gens qui montent dans un bus rempli doivent souvent se faufiler entre les gens déjà installés pour gagner l’arrière du bus,
+ elle oblige parfois les gens à courir pour rejoindre la porte avant du bus, alors qu’ils pourraient simplement monter par la porte arrière,
+ elle oblige dans certains cas à conserver des arrêts très proche les uns des autres pour éviter des temps d’arrêts en station trop longs,
Aussi, imaginez seulement un instant que sur le tramway, qui est la référence qualité dont le Chronobus prétend se rapprocher, on continue à monter par l’avant !
Quant à l’avantage de la baisse de la fraude, il est relatif lorsque le bus est assailli par un flot de voyageur, ou dans bien d’autres situations où un conducteur seul ne suffit pas à faire respecter la détention d’un titre de transport en règle. Aussi, en pénalisant la productivité du réseau, la montée par l’avant coûte de l’argent, argent qui pourrait autrement financer des équipes de contrôle supplémentaires.
Un autre élément qui peut économiser du temps d’arrêt en station est l’installation de distributeurs de tickets aux principaux arrêt, comme il en existe à l’arrêt Saint-Nicolas. En effet, ils permettent d’éviter que les usagers n’achètent leur ticket au chauffeur. Une telle installation avait été promise, mais ces machines se font pour l’instant attendre, et ce, d’autant plus que le prix de ce ticket acheté au chauffeur doit passer à 2€.
On peut également regretter que les voies réservées ne soient pas plus à l’honneur. Celles mises en service en octobre dernier apportent certes une vraie plus-value, en particulier sur le Cours de 50 Otages, même si dans ce dernier cas, le respect par les automobilistes laisse encore à désirer.
En effet, certaines lignes continuent à souffrir d’irrégularités chroniques, en particulier le C2, et quand la circulation est très dense, arrive un moment où seules des voies réservées peuvent permettre d’accélérer la vitesse commerciale du bus. Aussi, le traitement de certains carrefours, tel le rond-point de Rennes ou Pirmil, pour assurer la priorité du bus, permettrait de gagner de précieuses minutes.
Ainsi, les Chronobus sont une bonne chose. Mais leur fonctionnement doit absolument être amélioré, et leur réalisation poursuivie, en particulier pour les futures C8 (actuel 25), C9 (actuels 29/39) et C10 (actuel 70) dont l’échéance de réalisation est pour l’instant beaucoup trop floue.