La non-violence... est un sport de combat : Appel à la création de «blancs-blocs »
Nous relayons ci-dessous le message des initiateurs de l’appel pour constitution de « blancs-blocs »
La non-violence... est un sport de combat - Appel pour la constitution de «blancs-blocs »
« Dans la situation présente, et encore plus après la mort de Rémi Fraisse, la nécessité de débats (et d'actions) contre la répression se fait de plus en plus pressante.
Des réflexions et les initiatives se multiplient, se juxtaposent.
Des militants anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont travaillé, pour faire des propositions, sur un « appel » dont voici la version zéro. Les militant-e-s à l'initiative de ce texte ont voulu qu'il circule avant la manifestation du 22 novembre, pour que l'idée soit mise à l'épreuve des faits à cette occasion.
Cette version zéro s'inscrit dans le cadre de la réflexion collective, elle ne prétend nullement clôturer le problème, elle appelle précisions, enrichissement, multiplication des signatures. C'est dans cet esprit qu’elle est publiée sur le site de l’Acipa et dans sa lettre d’info.»
La non-violence... est un sport de combat
Appel pour la constitution de « blancs-blocs »
Après le meurtre de Rémi Fraisse, le pouvoir et les médias sont en train, au niveau national, de réussir un incroyable tour de force :
- Ils détournent l'attention sur les « violences » des « casseurs », alors que c'est la police qui tue.
- Ils noient le poisson sur le débat « violence/non-violence » pour diviser artificiellement l'opinion et le mouvement.
- Ils instrumentalisent la colère et la rage légitimes, par l'opportune apparition, dans les manifs, de policiers déguisés en black-blocks, prompts à déclencher les affrontements.
Il faut redire une fois encore que la violence inouïe du monde que nous vivons est PREMIERE et PRINCIPALE, qu'elle nécessite et exige la violence d’État (pour imposer l'injustice, les inégalités...), que les policiers et gendarmes sont sur-armés, avec des armes qui tuent, face à des personnes armées le plus souvent de leur seul courage, et qu'il n'est pas question de renvoyer dos à dos les deux « violences ».
Cela étant, localement, mais aussi partout en France, deux craintes existent. Des personnes redoutent d'être assimilées aux « casseurs », et se retirent, ce qui affaiblit le soutien populaire aux luttes. Des organisations refusent d'exposer aux violences, coups, blessures, et peut-être malheureusement la mort, des personnes, des familles venues participer à des manifestations pacifiques. On voit ainsi fuir loin des manifestations beaucoup de personnes qui en partagent pourtant les objectifs. Ces craintes légitimes ont amené et amèneront encore, des organisations à ne pas appeler à des manifestations qui risquent de déraper ; ainsi l'Acipa, ou Copain 44 n'ont pas appelé à la manifestation du 1er novembre, à Nantes, contre la répression policière et judiciaire ; la lutte contre la répression n'étant pas l'objet initial de ces associations qui veulent d'abord obtenir l'abandon du projet d'aéroport en renversant le rapport de force par la conviction et la mobilisation du plus grand nombre.
Faut-il donc renoncer au droit constitutionnel à manifester, en général, et plus particulièrement en ce moment pour dénoncer cette mort prévisible, car tout était sciemment mis en place pour que l'irréparable se produise, renoncer à dénoncer la répression, renoncer à continuer la lutte contre les GPII ? Évidemment non.
Mais il est temps d'affirmer collectivement notre non-violence active. C'est un outil pour les luttes. Elle est possible. Des centaines de cheveux blancs ont pratiqué spontanément sur le terrain pendant l'automne 2012, pendant l'agression contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la présence en témoins, l'interposition pour essayer de limiter le massacre par la police des « zadistes », le tout sans théoriser le moins du monde sur l'action non-violente.
De nombreux appels sont lancés au niveau national pour le 22 novembre contre la répression, par des organisations, syndicats, partis... variés. Il est temps de rendre visible notre choix de la non-violence, et les moyens ne manquent pas.
- On peut porter du blanc (la couleur de la paix) : casquettes, bérets, bonnets et autres écharpes... mais aussi chasubles blanches sur les manteaux (deux serviettes de toilette blanches fixées aux épaules, grands sacs poubelles blancs découpés pour tête et bras)
- On peut se regrouper, prendre la tête des manifs ou se positionner à des endroits stratégiques, installer des positions non-violentes (sit-in), faire des manifestations limitées dans le temps ou des flash-mob.
- On peut s'affirmer en témoins, photographier, filmer avec des tels portables : il est possible que des dizaines de bras munis de portables se lèvent pour filmer et envoyer directement sur les réseaux sociaux les violences sur les personnes, ou les actes stupides et contre-productifs, comme les atteintes à des structures de transport en commun.
- On peut se donner comme tâche de repérer et filmer les policiers déguisés en black-blocks. S'organiser pour le faire permet de donner immédiatement et de manière massive des témoignages, des images...
- On peut, selon le nombre et la situation, tenter d'isoler les personnes violentes pour les éloigner des affrontements.
Cessons de laisser dire et croire que notre appel à des manifestations sans dérapage ne serait qu'un mauvais alibi pour masquer notre propre peur : la peur est certes bien compréhensible dans le contexte actuel, mais elle ne nous paralyse pas ! Cessons de regarder avec désolation les violences comme si nous ne pouvions rien y faire : non, nous ne sommes pas démunis !
Constituons des « blancs-blocs » nombreux, bien visibles et identifiables, agissant fermement dans le respect de l'intégrité des personnes.
Dès le 22, nous proposons que le plus grand nombre possible de personnes arborent très visiblement écharpes, coiffures, vêtements blancs ...
La non-violence... est un sport de combat
Premiers signataires :
Marie Chiron
Geneviève Coiffard-Grosdoy
Christophe Mounier
Marcel Taillandier
Françoise Verchère