La FNAUT réagit aux conclusions de la Commission de Dialogue
Premières réactions sur la Commission de Dialogue Notre Dame des Landes
La Commission a fourni son rapport le 9 avril 2013. Il est disponible comme le rapport de la Commission Agricole (qui constate la forte consommation de terre et le peu d’impact –actuel ?- des politiques de maîtrise), celui de la Mission d’experts évaluant les modalités d’application de la loi sur l’eau (sévère vis-à-vis du projet du fait d’une étude insuffisante, de valeurs optimistes quant aux mesures de compensation, quant à l’absence d’engagement sur les résultats, …) sur le site de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile).
La Commission de Dialogue dit avoir rencontré autant d’opposants que de partisans, et que chacun est resté sur ses positions. Autant dire que la Commission n’a pas fait bouger les lignes, ni amorcé le dialogue, mais qu’elle s’efforce de mettre en avant les points à améliorer pour faciliter l’explication du projet.
Les questions d'environnement sont-elles réellement prise en compte par le gouvernement Ayrault ?
Bien que s’en défendant, elle se mue parfois en « expert » en donnant son avis sur le dossier lui-même, sans avoir de compétence particulière. Nommée par le Gouvernement de M. Ayrault, promoteur du projet, la Commission abouti à des conclusions « balancées », qui ne sont pas toutes sans conséquence, ni sans contradictions.
Sur la croissance des besoins, elle confirme que l’aéroport n’a pas de vocation intercontinentale, mais que les besoins de vols nationaux et européens sont importants, en comparant Nantes à Lyon ? Les bassins de chalandise, les connections ferroviaires, ne sont pourtant pas les mêmes. Très peu de questions sur l’avenir du transport aérien (du fait des contraintes de pollution et de raréfaction de la ressource), et de mention des possibilités de transférer les déplacements à moyenne distance sur le fer. Les évolutions sont plus analysées en trafic passager qu’en mouvements d’avion, l’augmentation du taux de remplissage des avions devant se réduire … Voilà qui arrange bien les promoteurs du projet, mais qui n’est guère étayé.
La commission reprend aussi les affirmations gratuites sur la nécessité d’un nouvel aéroport pour développer l’Ouest, sur le changement d’échelle d’aéroport qui offrirait davantage de lignes. Est-ce pour faire plaisir aux mandants ?
Le bruit fait l’objet d’une analyse spécifique, en recommandant la mise à jour du PEB (Plan d’Exposition au Bruit), en s’efforçant d’analyser l’impact sur l’urbanisation (mais elle demande qu’une étude confirme les possibilités d’urbanisation). Elle affirme qu’il n’est pas possible de supporter plus de 50 000 mouvements/an. Rappelons que depuis toujours Nantes est resté en dessous de ce chiffre, qui évolue peu et que l’aéroport de Toulouse Blagnac, qui perturbe nettement plus de riverains, accueille 85 000 mouvements ; on vient pourtant d’annuler le projet de transfert vers un nouveau site, en s’appuyant sur l’arrivée prochaine de la LGV, qui ne devrait pourtant pas supprimer 35 000 mouvements par an ! Elle évoque l’intérêt de transférer sur les aéroports voisins (les plus proches étant Ancenis et St Nazaire) l’aviation de tourisme et de loisir, bruyante, mais encore importante à Nantes.
Aucune piste pour une solution alternative n'est recommandée par la Commission
La Commission affirme que le risque d’accident, même s’il est plus ressenti que réel, est à prendre en compte. Elle évoque l’amélioration possible des trajectoires et de leur suivi, mais sans se prononcer (ce qui n’est pas son rôle). Une étude spécifique serait évidemment utile.
Il y a donc bien plusieurs solutions, à creuser, pour faire baisser la gêne à Nantes Atlantique : éloignement de vols non prioritaires, transfert de vols commerciaux à moyenne distance sur le fer, modification et sécurisation des approches.
La desserte de l’aéroport est « à clarifier », la Commission entérinant que le tram train ne se fera pas (trop cher pour le trafic à attendre), que la nouvelle ligne Nantes Rennes ne se fera au mieux qu’à long terme, et du bout des lèvres, qu’un nouveau pont serait nécessaire pour les Vendéens. Elle souhaite donc que l’impact de ces non réalisations ou réalisations sur la croissance du trafic à Notre-Dame des Landes soient étudiées. Elle s’étonne que, vu le trafic attendu, aussi peu de places de stationnements soit prévu à Notre-Dame des Landes. Le bus cadencé ne semble la rassurer qu’à moitié. Peu importe, le nouvel aéroport sera « plus accessible que l’ancien » du fait que la zone de chalandise serait plus importante et plus proche. Aucune mention de la facilité de raccorder l’aéroport actuel au fer.
Outre la croissance des besoins, l’impact du bruit et la difficulté à réaménager sur place l’aérogare de Nantes Atlantique semblent être pour la Commission les éléments principaux justifiant le transfert.
NDDL a 2 pistes c'est déjà du passé ...
En bon serviteur de l’Etat, la Commission écarte l’intérêt de faire intervenir de l’expertise neutre, pour lever les points litigieux par des études complémentaires. Il y a pourtant de bonnes raisons de douter de la neutralité de certains services publics sur ce dossier.
Elle confirme de fait la mauvaise préparation du dossier (étude insuffisante sur les possibilités de développer Nantes Atlantique, absence de décision sur la desserte en transport collectif, sur les choix pour Nantes Atlantique en cas de transfert, sur les impacts sur l’urbanisation), recommande de revoir toute l’architecture du projet Notre-Dame des Landes (une solution à 2 pistes est inutile), de réduire les surfaces consommées, d’instruire l’ensemble du dossier globalement (soit l’aéroport Notre-Dame des Landes, ses accès, y compris vers le Sud ?, l’avenir de Nantes Atlantique et des zones environnantes). Toutes choses que la FNAUT avait fait apparaître.
Le rapport de la Commission comporte des contradictions et des affirmations gratuites, mais soulève des questions qui nécessiteraient une remise à plat. Qu’en fera (ainsi que celui sur l’application de la loi sur l’eau) le Gouvernement ?
La détermination des opposants est une des clefs. Prochaine manifestation le samedi 11 mai à 14 h à Notre Dame des Landes (voir le site acipa.free.fr).