L'assouplissement du transport par car peut-il mettre en péril le ferroviaire ?
A cette question Jean Sivardière apporte quelques élèments de réponses...
L'assouplissement du transport par car peut-il mettre en péril le ferroviaire ? Quelques élèments de réponses par la FNAUT.
Monsieur Macron ne connaît pas le secteur des transports. Contrairement à ce qu'il affirme, le train n'est pas huit à dix fois plus cher pour le voyageur que le car mais deux fois en moyenne, et un "pauvre" peut souvent trouver des tarifs TGV, intercités ou TER compétitifs avec ceux du car et du covoiturage s'il accepte des contraintes horaires. Cette erreur est regrettable, elle accrédite l'idée fausse que le train est toujours cher, donc fait pour les riches, et que l'autocar est le transport des "pauvres".
Des liaisons routières sont nécessaires sur les itinéraires à courte distance actuellement non desservis par le train. Mais, c'est la deuxième erreur du ministre de l'Économie, l'autocar n'est pas fait pour assurer des déplacements longue distance. Il offre un confort très inférieur à celui du train : l'espace intérieur disponible est de O,5 mètre carré par voyageur, deux fois moins que dans le train. Sa capacité limitée ne lui permet pas d'absorber les pointes de trafic. Il est soumis aux aléas de la circulation routière en zones urbaines.
Enfin, troisième erreur du ministre, la libéralisation du transport par car va menacer la pérennité des services ferroviaires existants, déjà fragilisés par la concurrence de l'avion à bas coût, de l'autocar caboteur (Eurolines, iDBus) et du covoiturage. Or, lors des transferts sur route de services TER ou Intercités, on observe un retour d'une partie des voyageurs à la voiture, évidemment contraire aux objectifs de la loi sur la transition énergétique. La libéralisation du transport par car est prématurée : elle doit être précédée d'une forte amélioration de la qualité de service et de la productivité du système ferroviaire. Il ne s'agit pas de limiter l'offre à quelques axes à fort trafic mais de valoriser tout le réseau ferré classique.
La libéralisation du transport par car doit être régulée par l'État et les régions afin d'éviter une concurrence train-car stérile : et il faut introduire auparavant la concurrence dans
le secteur ferroviaire, sous forme de délégation de service public comme en transport urbain ou départemental, afin de provoquer une amélioration des services et une baisse des coûts de production et des prix du train.
Jean Sivardière, président de la FNAUT
(Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports)
Autocar modèle "Macron" pour "pauvres et Sans Dents ? source