Eurovignette : payer enfin ce que l'on coûte ?
Communiqué de Presse
La Directive européenne Eurovignette « relative à la taxation des poids lourds pour l’usage de certaines infrastructures» est actuellement en cours de révision.
Le Conseil des Ministres des Transports, qui s’est réuni le 15 octobre, vient d’adopter une position frileuse sur ce nouveau texte. Réactions de la fédération France Nature Environnement.
Coup de frein sur la proposition de révision
La Directive (1) aujourd’hui en vigueur permet de faire acquitter aux Poids Lourds les coûts d’usages des infrastructures routières, sachant qu’un camion a l’impact de 160 000 voitures sur les routes et autoroutes (2). La révision, actuellement en débat, doit permettre d’incorporer en plus des coûts liés à l’usage de l’infrastructure, les coûts externes (pollution de l’air, bruit et congestion) en application du principe « pollueur-payeur »
Le Conseil des Ministres, dans sa dernière proposition, s’il retient la prise en compte du bruit et de la pollution atmosphérique, de façon très limitée au regard de leur cout en termes de santé publique, ne prend pas en compte les émissions de gaz à effet de serre ni le prix des embouteillages, comme c’était prévu dans le projet de révision soumis en 2008.
Passer du « pollué-payeur » au « pollueur-payeur »
Pour Gérard Allard, spécialiste transport de marchandises à France Nature Environnement : « Si cette révision venait à être adoptée en l’état, conformément à la proposition du Conseil des Ministres, elle induirait au grand maximum une hausse des péages de poids lourds de 4 centimes au kilomètre alors que les externalités réelles du transport routier peuvent être chiffrées à 8 fois plus. Seuls des choix courageux, à hauteur du coût constaté, feront évoluer les choix de transports. Il est grand temps que chacun assume les conséquences de ses actes. »
Pour France Nature Environnement il est paradoxal de voir nos ministres des transports faire des choix minimalistes dans le domaine environnemental et de ne pas avoir la volonté de faire acquitter aux transports routiers leurs vrais coûts sociaux et environnementaux. Et ce, alors que le secteur des transports - notamment routier - est le seul secteur dont les émissions de Gaz à Effet de Serre sont en constante augmentation contrairement aux autres activités.
(1) 2006/38/CE : Donner référence complète
(2) Actuellement, un camion moyen de 40 tonnes paie 122,40euros sur un Paris/Marseille alors qu’une voiture paie 53,20 euros
Reconnecter économie et environnement
Nous comptons sur le Parlement européen pour qu’il modifie cet avis pris par le Conseil des Ministres et intègre de manière ambitieuse le coût du bruit, de la congestion et de la pollution dans la Directive.
C'est à cette seule condition que la Directive Eurovignette jouera son rôle principal qui est d’inciter au report de la route au rail et au fluvial. En impactant au transport son véritable coût, elle participera à rendre concurrentiel les transports alternatifs à la route.
Pour Bruno Genty, Président de France Nature Environnement : « si chaque mode de transport se voyait impacter l’ensemble de ses coûts économiques, environnementaux, sociaux et en termes de santé publique, la régulation ordinaire inciterait à privilégier les transports ayant les plus faibles impacts, qui de fait seraient les transports les plus économiques. Il est grand temps de reconnecter nature et économie. »
Communiqué de presse
Lundi 18 octobre 2010
FNE