La croisière abuse !
Communiqué du 23 juillet 2015
Il était un petit navire... qui fumait beaucoup trop !
La croisière abuse !
Après sa campagne « Irrespirable » en 2013-2014, France nature environnement continue à sensibiliser l'opinion publique quant à la question de la pollution de l'air en visant cette fois l'industrie de la croisière. En partenariat avec l'ONG allemande NABU, FNE a réalisé des mesures de la qualité de l'air à proximité du Port de Marseille le mardi 21 juillet 2015, avec des résultats édifiants. L'occasion de s'indigner à propos d’une pollution aussi méconnue que délaissée par les autorités, loin des images de rêve et de vacances véhiculées par ces monstres flottants.
La France en retard... comme d'habitude !
Notre campagne intervient alors que la lutte contre la pollution de l'air est au plus bas dans les priorités du gouvernement. Actuellement, l’Etat français est poursuivi à la fois devant ses propres tribunaux par des particuliers et des associations, mais également par la Commission européenne pour non-respect de la réglementation sur les particules fines PM 10 et le dioxyde d'azote (NO2), un polluant à l'origine des pics de pollution à l'ozone. Le gouvernement est également poursuivi pour n'avoir pas transposé la directive européenne sur les émissions de soufre des navires.
Vingt fois plus de particules fines près des paquebots
Les équipes de FNE et de NABU ont pu, grâce à des instruments de laboratoire, mesurer les concentrations de particules ultra-fines (PUF, entre 20 nanomètres et 1µm) dans l'air. Ces particules sont les plus dangereuses pour la santé : leur très petite taille (jusqu'à 1000 fois plus fines qu'un cheveu) leur permet de s'accumuler dans les poumons et passer à la fois dans le sang et dans le cerveau. De nombreuses études attestent du lien entre ces particules et l'augmentation des risques cardiovasculaires (crises cardiaques notamment), l'hypertension artérielle et la maladie de Parkinson. D'après les mesures que nous avons réalisées au parc du Pharo sur les hauteurs de Marseille et dans le terminal « croisières » du Grand port maritime, la pollution en PUF est 20 fois supérieure près des paquebots
Nos demandes
La majeure partie de la pollution de l'air par les navires de croisière vient de la teneur en soufre des carburants. Fioul lourd, diesel marin... Ils en contiennent jusqu'à 3500 fois plus que le diesel que nous mettons dans nos autos. Une fois brûlé, ce carburant rejette du dioxyde de soufre, un polluant réglementé connu pour son impact sanitaire (maladies respiratoires, bronchites, irritations de la gorge) et environnemental (pluies acides) important.
De plus, aucun navire n'a l'obligation de s'équiper d'un simple filtre à particules, alors que les industriels, les constructeurs automobiles et les automobilistes y sont obligés. Dans certains cas, ces filtres ne représentent qu'un millième du prix total du paquebot. De leur côté, les ports maritimes devraient participer au changement en adaptant les taxes portuaires qu'ils appliquent aux navires à leur entrée au port.
Denez L’Hostis, président de France nature environnement, réagit : « Madame la ministre de l’environnement, transposez la directive européenne sur les émissions atmosphériques des navires et formulez une réponse aux attentes des associations et des institutions européennes en matière de pollution de l’air ! A l'heure actuelle, en Méditerranée, aucune réglementation n'interdit l'usage des carburants les plus sales du marché, alors qu'en mer du Nord les règles sont plus strictes. De plus, alors que les consommateurs paient des taxes sur les carburants, les armateurs n'ont aucune pression fiscale. Pourquoi un tel régime d'exception ? Quelles que soient les sources de pollution, nous attendons des mesures concrètes. »
Télécharger le dossier de presse en format PDF.
voir aussi : http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-fret-maritime-n-est-pas-si-propre-rappelle-l-aee,33623
le rapport : http://www.eea.europa.eu/publications/the-impact-of-international-shipping